dimanche 1er février 2015 à 20h
Projections « Le tempestaire » (1947) et « Finis Terrae » (1928) de Jean Epstein
Ce dimanche 1er février aura lieu la première séance d'un nouveau cycle de projections intitulé Filmer les sans-noms (plis d'infos ici). Pour l'occasion seront projetés deux films d'un créateur hors-normes, Jean Epstein.
Durant sa courte vie, et avant de tomber dans l'oubli à l'aube des années 1950, Jean Epstein (1897-1953) n'aura pas cessé de penser et inventer un cinéma unique, conçu comme un art à part entière. A la fin des années 1920, il vient de réaliser La chute de la maison Usher, chef-d'œuvre qui le met à la merci des créanciers. Accablé par ces contraintes financières et par la vision étriquée du cinéma qu'imposent les studios, il part pour la Bretagne, terre vierge où subsistent alors des modes de vie séculaires, entre mer et rochers. Là, il se lance dans le tournage de « films de nature », sans le recours au studio, sans décorateurs et costumiers, et sans acteurs professionnels ! Ces films de fiction au fort contenu documentaire s'intéressent au destin « d'hommes scrupuleusement vivants », aux bruits et aux formes des vagues et des tempêtes, à la magie.
Inspiré par un fait divers entendu dans une auberge, Finis Terrae (1928) est tourné sur des îles désertes de l'archipel d'Ouessant où se pratique chaque année durant cinq mois la pêche au goémon. Des goémoniers sont seuls sur une île, un d'eux se blesse, s'isole et commence à délirer. Le vent empêche les pêcheurs d'emmener leur camarade pour le soigner. La mer sera-t-elle clémente ? Avec sa caméra, dans des conditions de tournage difficiles, Epstein enregistre la beauté austère de la mer, du soleil et des effets du vent, pour montrer le drame humain.
Presque vingt ans plus tard, il tourne encore dans cet « extrême Occident » Le Tempestaire (1947). Le cinéaste s'inspire cette fois de la légende locale des siffleurs-guérisseurs de vents, les tempestaires. Tourné en hiver, le plus souvent par gros temps, le film met en scène des marins et gardiens de phare de Belle-Île-en-Mer, sans-noms luttant contre les éléments. Avec ce « poème de la mer, raconté par le vent », Jean Epstein apporte un travail fascinant sur l'image, mais aussi sur la bande sonore, envisagée comme une composition musicale et construite notamment à partir des bruits de la tempête enregistrés en son direct.