thème : Réflexion Organisé par :

samedi 15 octobre 2016 à 19h

Rencontre Jeremy Corbyn et la révolte en Grande-Bretagne

La lutte pour un parti de la classe des travailleurs - Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?

Meetings avec
- Roger Bannister. Militant du syndicat Unison et du Socialist Party (successeur de Militant) à Liverpool.
- Nicolas Croes. Rédacteur en chef de Lutte Socialiste

La Grande-Bretagne est en eaux troubles. Depuis le Brexit, ce sont les élections pour la présidence du Parti travailliste qui occupent les esprits. Une guerre civile pure et simple est en cours entre l'aile droite autour des parlementaires « blairistes » et la révolte de la base autour de Corbyn et de sa rhétorique de gauche. Les salles et les places sont combles pour venir l'écouter, un peu à l'image de ce qu'a pu faire Bernie Sanders aux USA. Jeunes et moins jeunes prennent la rue pour entendre un discours anti-austérité prononcé. Des revendications telles que la renationalisation des chemins de fer, la fin de la modération salariale ou encore des investissements majeurs dans les soins de santé et l'enseignement sont extrêmement populaires. Des idées socialistes considérées comme dépassées sont à nouveau considérées avec intérêt. Jeremy Corbyn appelle à l'unité de la classe des travailleurs contre la guerre, l'oppression et l'exploitation. L'élite parlementaire travailliste redoute que Corbyn soit en mesure de remporter la prochaine élection sur ce programme. Ce dernier a le potentiel de faire du Parti Travailliste un parti pour et par la classe ouvrière, avec l'implication active d'une base de masse.

Roger Bannister était membre de ''Militant'' à Liverpool dans les années '70 et '80, là où le conseil municipal travailliste a mis en œuvre une politique très à gauche au beau milieu des années Thatcher. Il a été exclu du Parti travailliste par l'aile droite en raison de ses opinions socialistes. Roger est également un syndicaliste reconnu au sein de l'Unison. Il a recueilli 5% des voix à Liverpool aux dernières élections municipales sur une liste de la TUSC (Coalition des syndicalistes et des socialistes).

Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?

En Belgique aussi, les luttes sociales font rage et la colère contre la politique austéritaire est croissante. Fin 2014, un mouvement de grève massif a quasiment renversé le gouvernement Michel, mais les dirigeants syndicaux n'ont pas voulu continuer, notamment faute de véritable alternative politique. Tout comme en Grande-Bretagne, la social-démocratie flamande et francophone a défendu et appliqué une politique néo-libérale aux conséquences dramatiques pour nos soins de santé, nos services sociaux, l'aide aux seniors, l'enseignement, etc. Pour l'instant, cela semble politiquement sans issue et l'opposition se manifeste essentiellement sur le plan syndical. Mais le mouvement des travailleurs a besoin des deux à la fois. Un syndicat ne peut rien faire s'il ne peut pas traduire sa lutte politiquement et un parti des travailleurs ne peut rien faire sans être constamment soutenu et poussé par les luttes en entreprises. Attendre et voir ce que donneront les prochaines élections peut se révéler catastrophique. La droite pourrait à nouveau l'emporter si le mouvement social ne parvient pas à la stopper. En Belgique aussi, il nous faut un nouveau parti de masse des travailleurs avec l'implication active de sa base.