vendredi 21 décembre 2012 à 16h
Street Party satirico-carnavalesque La Révolte des Pointé-e-s du Doigt
En ce 21 décembre 2012, solstice d'hiver, jour où remonte la sève , MoniKa De Koninck, Sinistre de l'Emploi, viendra chercher à Liège, à la CSC puis à la FGTB, le premier tribut extorqué aux chômeur-se-s, aux cohabitantes en priorité, grâce à la nouvelle Loi scélérate sur la Dégressivité généralisée des allocations de chômage. Le but officiel de cette rapine : combler l'odieux déficit public creusé par les gouvernants à la solde des banques toxiques et assassines des peuples du monde.
A l'occasion de ce parcours du vol social, symboliquement joué sous nos yeux, nous interpellerons publiquement les hauts dignitaires de ces organismes de paiement, qui affirment nous représenter et nous défendre, nous voulons qu'ils nous disent ouvertement s'ils acceptent de continuer d'être les complices administratifs et donc objectifs de cette destruction de nos rapports sociaux, porteurs de vie, ou s'ils ont une alternative constructive et combative à nous proposer.
En cours de parcours, la parade se répandra dans une Ville où, dans l'opulence étalée, commence déjà à se célébrer une fin d'année dramatique pour la plupart des peuples d'Europe ! Sorcières, mâles et femelles, gueux et bouffons, de jadis et naguère, boucs et misères d'hier et d'aujourd'hui, nomades et migrants d'antan et de dorénavant, rassemblons-nous pour une Parade urbaine des Pointé-e-s du Doigt de toujours.
Masquons-nous, déguisons nos corps, costumons nos visages, armons-nous de nos musicalités, de nos flambeaux, de nos bosses et de nos nez crochus, et de tout ce que colère et révolte nous suggèrent ! Car nous sommes les héritiers désignés d'une longue histoire d'oppressions et de résistances.
Au début du capitalisme, alors que, dans les campagnes, s'installaient partout les enclosures, empêchant ou interdisant l'usage socialement vital des biens communs (glanage, ramassage du bois, libre pâturage,...), les femmes sorcières, détentrices des savoirs populaires essentiels, furent pourchassées, torturées et brûlées sur l'autel du rationalisme, du scientisme et du patriarcat. Ce sont les communautés villageoises, et les liens de solidarité naturelle qui les fondaient, qui derrière ces terribles massacres, volèrent alors en éclat.
Il y a cinquante ans a commencé une autre liquidation, celle des communautés ouvrières. A Liège, la fermeture programmée d'Arcelor-Mittal en sonnera sans doute le glas définitif. Le capitalisme ne se nourrit que de ces destructions de ce qui fait culture et solidarité en pointant du doigt celle et celui qui résistent aux mutations mortifères que l'on cherche à lui imposer. Ces résistances ont été brisées.
Pourtant la révolte reste impérative. Aujourd'hui nous vivons sous le joug de l'Economie affirmée comme « science », sous le joug de ses exigences « naturelles » de rentabilité, de mise en compétition et de hausse de productivité sans fin, sous le joug de nouvelles enclosures, physiques et virtuelles, dont l'extension semble sans limite (propriété intellectuelle, brevetage du vivant, privatisation de fait de quasi tous les espaces publics sonores, visuels et géographiques..). Tout ça nous est présenté comme seul mode de faire vie, création et rapports sociaux. Ce système où tout se paie d'argent et se gagne dans la douleur est en bout de course, il ne vit plus que sous perfusion. Au plus profond d'une crise de près de 40 ans, il cherche à survivre en menaçant de les affamer les communautés, les tribus et les formes de vie sociales alternatives qui se sont construites malgré son hégémonie. Des formes d'un vivre ensemble basées sur la solidarité et ses multiples caisses collectives, mais aussi sur le respect des rythmes et des désirs, sur l'échange libre et gratuit, sur l'invention par la coopération et la libre circulation des savoirs, sur l'encastrement de toute économie au coeur et au service du vivant, sur les savoirs mineurs parfois anciens, redécouverts, ré-appréhendés dans la manière de faire habitat, de se soigner, de (se) cultiver, de se nourrir et de prendre repas, de se vêtir, de circuler, de faire la fête...
Ces communautés contemporaines furent souvent constituées par des chômeur-se-s de longue durée, qui ont lentement appris à construire leur dignité et leur joie d'exister en dehors de la subordination salariale. Et de la culpabilisation sociale. Constituées aussi par une quantité d'hybrides et de précaires, nés et grandissant dans la succession des crises successives de ces 40 dernières années, ainsi que par des résistant-e-s à une mise à l'emploi forcenée et souvent dénuée de sens. De ces expériences vivantes, clandestines sous bien des égards, nous nous revendiquons.
Les chômeuses « de longue durée » sont les sorcières d'aujourd'hui, leurs homologues masculins sont les gueux et les bouffons sur lesquels il est accepté voire encouragé de cracher. Alors, en leur souvenir et parce que nous sommes des leurs, nous allons réinventer pour un soir Sabbat et Cour des Miracles !
Car, nous le savons, il nous faut nous lever si nous ne voulons pas qu'un nouveau pogrom du vivre ensemble triomphe. Une fois encore.