dimanche 23 février 2014 à 20h
Cinéclub A Touch of Zen
A Touch of Zen (Hsia Nu)
de King Hu, Taiwan, 1971, Cinémascope, 173'
+ Potage pékinois pour les petites faims.
Nous sommes en Chine ancienne, vers le XVIème siècle, dans la citadelle à peu près abandonnée de Ching Lu, à la frontière mongole. Un jeune érudit sans le sou vit au milieu des ruines, avec sa mère qui tente de le convaincre de passer les examens mandarinaux. Une jeune beauté glaçante se faufile entre les murs de la demeure réputée hantée d'un ancien général. Un mystérieux étranger féru de peinture se fait tirer le portrait… Les personnages se scrutent, se jaugent en silence, la peur est partout, et les mobiles sont flous…
N'était ce contexte, bien plus étranger pour nous que celui des prairies du grand Ouest, l'atmosphère pourrait évoquer le début d'un western. C'est le début d'un « Wu Xia Pian », un film de sabre ou « de cape et d'épée », genre alors devenu mineur en Chine et certes moins populaire que le film de kung-fu. Un film précieux pourtant, unique, encensé quelques années plus tard par la critique internationale, et d'une perfection telle qu'il a influencé de façon définitive le cinéma d'action asiatique - et par cet intermédiaire la façon de concevoir les scènes de combat au cinéma un peu partout dans le monde...
L'action se situe sous la dynastie impériale des Ming, sous l'un des régimes les plus cruels et corrompus que la Chine ait connu. Librement inspiré de l'un des Contes extraordinaires du Pavillon du Loisir de P'ou Song-Ling, qui avait lui-même connu la fin de cette dynastie, A touch of Zen évoque la toute-puissante police politique de l'époque, qui n'avait de comptes à rendre qu'à l'Empereur et se rendait coupable d'atrocités sans nom. Pour un réalisateur pékinois réfugié à Honk-Kong, c'était en quelque sorte une revanche sur la violence des services secrets de tous poils. Revanche par les armes, par la malice, mais aussi par la beauté, et par cette « touche de zen » qu'il apporte au conte classique.
Car le film n'est pas qu'un film d'art martiaux (la première partie du film ne contient d'ailleurs que peu de scènes de combat). C'est aussi une expérience esthétique, marquée par l'art de la calligraphie et celui de la danse, et par l'apport subtil du wu, la prise de conscience bouddhique. A ce sujet, King Hu déclarait: « Je ne suis pas bouddhiste et j'aborde cette question sans la moindre intention didactique ou missionnaire. Il m'intéressait simplement de présenter la saveur d'une certaine expérience. » Au final, derrière la violence et le sang, A Touch of Zen laisse comme un arrière-goût de plénitude…
Ouverture des portes et potage pékinois: 20h00
Film: 20h30
Potage: 2 euros - Film: 1 euro
Source : http://www.cercledescines.info
Source : message reçu le 20 février 19h